Vatan est un gros village d'environ 2.000 habitants, au coeur de la champagne berrichonne. C'est aussi le lieu où moi, Laurent Lejard, handinaute berrichon résidant à Marseille, ai vécu mes six premières années de vie, dans une maison de la rue Grande... ![]() Vatan est à 27 kilomètres de Vierzon au nord, 30 de Chateauroux au sud, 26 de Valençay à l'ouest et 21 d'Issoudun à l'est. Longtemps traversée par la Nationale 20 (Paris- Toulouse), cette cité aujourd'hui endormie fut un lieu d'échange et de communication ; le marché drainait la population des alentours. Les foires du 20 avril et du 26 septembre, avec marché aux bestiaux et fête foraine, étaient impatiemment attendues. Autre grand moment, la fête nationale ; le 13 juillet, retraite aux flambeaux avec majorettes vatanaises et musique municipale, pompiers en tête. Le lendemain, jeux et feu d'artifice précédaient le bal populaire. Au milieu des champs de céréales, l'activité était rythmée par le travail des champs. On y mangeait "naturel" : enfant, j'allais souvent au petit matin chercher le lait chez l'épicier qui le servait à la pinte. J'ai probablement souvent couru après la volaille qui finissait ensuite dans mon ventre. Et nourri les lapins pour qu'ils nous donnent de si bons civets. Et que dire des escargots de ma grand-mère, qu'elle ramassait amoureusement des semaines durant dans son buis pour les garder entre deux gros pots de fleurs avant de les mettre à jeûner dès qu'il y en avait quelques douzaines. La vie était plus rude : les chambres n'étaient pas chauffées, il n'y avait pas de salle de bains ni de WC digne de ce nom, pas d'eau chaude non plus. Et plus agréable aussi : peu de voitures, pas de centres commerciaux, et peu de parisiens en goguette!... Flânons donc ensemble dans le Vatan des années trente... trente années avant ma naissance, ainsi que dans celui d'aujourd'hui. Pour mieux voir les images, cliquez dessus! L'élevage a nettement régressé, victime de la vétusté des fermes et des exigences des normes européennes. Quant au vignoble, celui de Quincy- Reuilly se refait une réputation ; le raisin des autres vignes sert essentiellement à la production de "gnole" (on distille encore pas mal, y compris poire, prune... forte teneur en alcool garantie et cuite assurée pour les amateurs novices). Le clocher de l'église se voit de loin par temps clair. Elle est la seule survivante des trois églises paroissiales que comptait le bourg ; Saint-Laurent, paroisse du Château et des seigneurs, fut vendue comme bien national pendant la Révolution, et Saint-Christophe fut démolie en 1806. La nef a été reconstruite de 1879 à 1882. Lors de ces travaux, le clocher s'effondra, détruisant orgue, horloge et cloche ; celui que vous voyez n'avait guère que quarante ans au moment de sa photographie. C'est à gauche de l'église qu'était le Cinéma Vatanais, en activité épisodique jusque dans les années 80 ; enfant, j'y ai vu "Les 55 jours de Pékin", et plus grand "La guerre des Étoiles", dans une minuscule salle aux sièges en bois. Dans le virage, au bout de la rue, la fontaine Garnier coule sous un pont du XIIe siècle ; une grand-tante habitait le long de ce ruisseau qui se jette quelques mètres plus loin dans le Pozon. La rue Grande compte aujourd'hui beaucoup moins de commerces ; les vatanais se fournissent au supermarché de la route de Chateauroux, ou dans les hypermarchés des villes environnantes. Les boutiques sont maintenant fréquemment transformées en pièces habitées, et les devantures ne présentent guère que quelques plantes plus ou moins décoratives. L'installation des pompes à essence date de 1932 ; depuis 66 ans, elles portent toujours la même enseigne : la preuve ! PAGE SUIVANTE |